Alors que l’adoption des monnaies numériques de banques centrales (MNBC) s’accélère dans le monde, leur interopérabilité à l’échelle internationale émerge comme l’un des plus grands défis à relever. C’est ce qui ressort des échanges entre Pallavi Thakur de Swift et Ryan Rugg de Citi lors de la conférence Money20/20, où ils ont partagé les enseignements de leur récente expérience collaborative sur les MNBC.

Une adoption mondiale des MNBC en plein essor

L’engouement pour les MNBC ne cesse de croître au niveau mondial. Ces versions numériques des monnaies fiduciaires traditionnelles, pilotées par les banques centrales, sont explorées par pas moins de 134 pays. Parmi eux, 36 ont déjà lancé des programmes pilotes. Les gouvernements y voient un moyen d’améliorer les systèmes de paiement, d’assurer la stabilité financière et de stimuler la croissance économique.

Contrairement aux cryptomonnaies, les MNBC ont une valeur stable adossée à la devise de leur pays et sont encadrées par des politiques monétaires et des réglementations. Toutefois, elles présentent aussi des défis, comme la vulnérabilité aux fraudes, aux bugs et aux erreurs de transactions.

Le besoin crucial d’interopérabilité

Si l’adoption s’accélère, l’interopérabilité entre les différents systèmes de MNBC apparaît comme un enjeu majeur et urgent. Comme le souligne Pallavi Thakur, directrice de la stratégie et de l’innovation chez Swift :

Imaginez 36 pays, cela représente 36 connexions bilatérales. Ce n’est pas viable à grande échelle. Si moi, en tant que consommateur, je veux envoyer un paiement depuis mon compte numérique à quelqu’un en Inde, qui doit être en roupie numérique, cela devrait être absolument transparent.

Ryan Rugg de Citi fait le parallèle avec les débuts d’Internet, où de nombreux intranets se développaient en silos :

La question est de savoir comment assurer la connectivité entre tous ces systèmes.

Vers un marché unifié des MNBC

Alors qu’elles étaient initialement cantonnées à des expérimentations de niche, les MNBC sont devenues bien plus répandues. Leur adoption par les banques et les commerçants témoigne d’un changement significatif vers les monnaies numériques. Ryan Rugg insiste sur la nécessité d’avoir des transactions fluides entre les différentes MNBC :

Cela doit être un marché unifié où aucune entité ne contrôle tout.

Des pistes de solutions à l’étude

Pour relever ce défi d’interopérabilité, plusieurs pistes sont explorées. Swift et d’autres acteurs planchent sur des passerelles permettant de connecter les différents systèmes de MNBC. L’idée est de s’appuyer sur des standards communs et des interfaces de programmation (API) pour assurer une communication fluide.

Des initiatives visent aussi à définir un cadre réglementaire international pour harmoniser les règles entre pays. L’objectif : faciliter les paiements transfrontaliers en MNBC en limitant les frictions.

Enfin, certains évoquent la possibilité à terme d’une MNBC mondiale unique, qui éviterait la multiplication des devises numériques nationales. Mais cette perspective soulève de nombreuses questions politiques et économiques.

Bâtir les autoroutes des MNBC

L’adoption massive des MNBC est en marche, mais leur succès dépendra en grande partie de la capacité à assurer leur interopérabilité mondiale. C’est un prérequis pour tirer pleinement parti de leurs atouts en termes d’inclusion financière, d’efficacité des paiements et de stabilité.

Comme aux débuts d’Internet, il s’agit désormais de construire les autoroutes qui connecteront les différents systèmes de MNBC à travers le globe. Un chantier complexe et passionnant qui mobilise de nombreux acteurs – institutions financières, banques centrales, régulateurs, fintechs. L’avenir du paysage monétaire mondial en dépend.

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