Imaginez : vous ouvrez un vieux coffre oublié depuis 2011 et vous découvrez l’équivalent de 180 millions de dollars en Bitcoin. C’est exactement ce qui vient de se produire le 5 décembre 2025.
Deux adresses Bitcoin, totalement immobiles depuis treize ans, ont soudainement transféré leurs 2 000 BTC. L’information a fait le tour de la cryptosphère en quelques minutes seulement. Et pour cause : ces pièces valent aujourd’hui plus de 92 000 $ chacune.
Un réveil qui fait trembler la communauté
Quand une baleine aussi ancienne se réveille, deux réactions se disputent immédiatement la scène : l’excitation (« quelqu’un va devenir multimillionnaire ! ») et la peur (« et s’il vendait tout d’un coup ? »).
Pourtant, l’histoire de ces 2 000 BTC est bien plus fascinante qu’une simple crainte de dump. Elle nous ramène aux tout débuts de Bitcoin, à une époque où posséder 1 000 BTC valait à peine quelques milliers de dollars… et où les pièces physiques existaient vraiment.
Retour en 2011 : l’époque des Casascius coins
Entre 2011 et 2013, un Américain nommé Mike Caldwell a fabriqué ce qui reste aujourd’hui l’un des objets les plus mythiques de l’histoire crypto : les Casascius Physical Bitcoins.
Ces pièces métalliques (or, argent ou laiton) contenaient une clé privée cachée sous un hologramme inviolable. Une fois l’hologramme retiré, on pouvait « dépenser » les BTC associés. Caldwell en a produit plusieurs milliers avant que les autorités américaines ne lui interdisent cette activité en 2013 pour des questions réglementaires.
Aujourd’hui, une Casascius non « pelée » (c’est-à-dire toujours chargée) peut valoir bien plus que la simple valeur des BTC qu’elle contient, grâce à sa rareté de collection.
« Avoir 100 BTC change la vie de n’importe qui. Mais je les ai depuis si longtemps que c’est plus une question de sécurité que de s’enrichir soudainement. »
Un propriétaire de Casascius interrogé par Cointelegraph en juillet 2025
Que s’est-il passé exactement le 5 décembre ?
Deux transactions distinctes ont été repérées par les outils de suivi on-chain :
- Adresse 1 (créée en 2011) : 1 000 BTC transférés
- Adresse 2 (créée en 2012) : 1 000 BTC transférés
- Les deux portefeuilles envoyés vers de nouvelles adresses modernes (format Bech32)
- Aucun mouvement vers un exchange détecté à ce jour
Le coût total des frais de transaction ? Moins de 10 dollars. Une broutille quand on déplace 180 millions.
Pourquoi transférer maintenant ? Les hypothèses les plus crédibles
Plusieurs scénarios circulent dans la communauté.
1. Mise en sécurité pure
Le format des anciennes adresses (P2PKH) est considéré comme moins sûr aujourd’hui. Beaucoup de vieux holders migrent vers des wallets multisig ou des hardware wallets dernière génération.
2. Préparation successorale
Le propriétaire (ou ses héritiers) pourrait organiser la transmission de ce patrimoine avant un événement personnel.
3. Consolidation de portefeuille
Regrouper plusieurs vieux wallets en un seul pour simplifier la gestion.
4. (Peu probable) Préparation à la vente progressive
Même si c’est la peur numéro 1 des traders, l’histoire montre que les très vieux holders vendent rarement d’un bloc.
Ces réveils historiques : ce que nous apprend le passé
Ce n’est pas la première fois que des BTC de l’ère 2010-2012 se réveillent. Quelques exemples marquants :
- Juillet 2024 : 1 000 BTC de 2010 transférés (époque où Satoshi était encore actif)
- Novembre 2023 : 1 000 BTC de 2011 (valeur ≈ 37 M$ à l’époque)
- Mai 2025 : 500 BTC de l’ère Casascius, le propriétaire avait publiquement expliqué faire uniquement de la mise à jour de sécurité
Dans la grande majorité des cas, ces mouvements n’ont pas été suivis de ventes massives sur les exchanges. Les « anciens » sont souvent les plus fervents HODLers.
Impact sur le marché : faut-il avoir peur ?
À court terme, aucun. Les 2 000 BTC n’ont pas été envoyés vers Binance, Coinbase ou Kraken. Tant que ces pièces restent dans des self-custody wallets, le marché n’a rien à craindre.
À plus long terme, chaque réveil de ce type rappelle une vérité fondamentale : il reste encore plusieurs millions de BTC totalement immobiles depuis plus de 10 ans. Des bombes à retardement potentielles… ou la preuve ultime de la conviction des premiers croyants.
Que ferait-on à la place du propriétaire ?
Imaginons que vous soyez à sa place. Vous détenez 180 millions de dollars en Bitcoin, acquis à moins de 2 $ pièce. Que feriez-vous ?
- Vendre 5-10 % pour sécuriser un train de vie de rêve sans toucher au principal ?
- Tout garder en se disant que 500 000 $ ou 1 million par BTC reste possible d’ici 10 ans ?
- Faire un mix des deux : prendre quelques profits tout en restant massivement exposé ?
La plupart des vieux holders que nous avons pu suivre choisissent la troisième option. Ils vendent de quoi changer leur vie (ou celle de leurs enfants), puis continuent de HODL le reste avec une conviction intacte.
Conclusion : un événement symbolique plus qu’une menace
Ce réveil de 2 000 BTC nous rappelle surtout à quel point Bitcoin est encore jeune. Seize ans seulement après sa création, des fortunes colossales dorment encore dans des wallets oubliés ou précieusement gardés.
Ces « fantômes du passé » qui reviennent à la vie sont la plus belle preuve que la révolution lancée par Satoshi Nakamoto en 2009 est toujours en marche. Et qu’elle n’a probablement pas encore révélé tout son potentiel.
Alors la prochaine fois qu’une adresse de 2011 bougera, au lieu de crier au dump, pensez plutôt à ceci : quelqu’un, quelque part, vient de se rappeler qu’il est millionaire… et qu’il l’a toujours été sans le savoir.
La magie de Bitcoin, en somme.
