Imaginez payer votre café du matin en quelques millisecondes, 24h/24 et 7j/7, sans frais exorbitants et depuis n’importe quel coin du globe. Ce rêve, qui semblait réservé aux purs acteurs crypto, est en train de devenir réalité… dans les mains d’une des plus grandes banques traditionnelles américaines.

U.S. Bancorp, plus connue sous le nom d’U.S. Bank, vient de franchir un cap symbolique : elle pilote actuellement des paiements et des services de custody en stablecoins directement sur la blockchain Stellar. Une nouvelle qui fait l’effet d’une petite bombe dans le secteur.

U.S. Bank passe à l’offensive sur les stablecoins

C’est officiel depuis quelques semaines, mais les détails sortent seulement maintenant. Lors d’un podcast récent, Mike Villano, vice-président senior et responsable des produits d’actifs numériques chez U.S. Bank, a confirmé que la banque menait des tests actifs sur Stellar.

« Les stablecoins représentent simplement une autre façon de déplacer de l’argent sur une blockchain. Nous sommes très curieux de voir quels cas d’usage vont émerger et quels clients seront les plus intéressés. »

Mike Villano, U.S. Bank

Le projet avait été évoqué pour la première fois par Gunjan Kedia, présidente d’U.S. Bancorp, lors de la conférence earnings d’octobre. À l’époque, elle parlait déjà de deux axes majeurs : la custody de stablecoins et les paiements. Mais elle tempérait : la demande client pour les paiements restait « modérée ».

Visiblement, les choses ont accéléré depuis.

Pourquoi Stellar et pas Ethereum ou Solana ?

Le choix de Stellar n’est pas anodin. Contrairement à beaucoup de blockchains généralistes, Stellar a été conçue dès 2014 avec un focus clair : les paiements et les transferts de fonds transfrontaliers.

Mike Villano explique le choix par plusieurs points clés :

  • Une architecture orientée finance dès le départ
  • Des coûts de transaction extrêmement bas
  • Une vitesse de règlement quasi instantanée
  • Et surtout… des fonctions de contrôle institutionnel intégrées nativement

Ce dernier point est crucial. Stellar permet aux émetteurs de geler ou même de renverser une transaction si nécessaire. Une fonctionnalité rare dans l’écosystème crypto, mais indispensable pour une banque régulée.

« On pourrait coder ces protections dans la logique métier, mais là, c’est directement au niveau du protocole. C’est un énorme avantage pour nous », précise Villano.

Un retour en force après trois ans d’attente

U.S. Bank n’est pas une nouvelle venue dans la crypto. Elle fait partie des banques américaines les plus « crypto-friendly » depuis des années. Elle proposait déjà de la custody Bitcoin pour institutions… avant de devoir tout arrêter en 2021.

La raison ? Les exigences de capital imposées par la Fed et la fameuse règle SAB 121 de la SEC, qui obligeait les banques à immobiliser 100 % de capital contre les crypto détenues pour leurs clients. Un véritable frein.

Mais le vent a tourné :

  • Élection de Donald Trump et administration pro-crypto
  • Abrogation récente de SAB 121
  • Introduction du GENIUS Act, loi favorable aux stablecoins
  • Reprise de la custody Bitcoin institutionnelle par U.S. Bank il y a à peine un mois

Et maintenant ? L’offensive stablecoin. Le timing est parfait.

Les avantages des stablecoins « out-of-the-box » selon U.S. Bank

  • Paiements 24h/24, 7j/7 – plus de week-ends bancaires
  • Frais drastiquement réduits – surtout pour les transferts internationaux
  • Règlement en quelques secondes au lieu de jours
  • Programmabilité possible pour des cas d’usage avancés

U.S. Bank n’est pas seule : la ruée des grandes banques

Le mouvement est général. Presque toutes les grandes banques américaines se positionnent :

  • Citibank prépare son propre stablecoin et a choisi Coinbase comme partenaire opérationnel
  • Goldman Sachs, Bank of America, Citi ont annoncé un consortium commun pour tester les stablecoins en environnement institutionnel
  • JPMorgan développe déjà son JPM Coin depuis 2019 et l’utilise en production
  • Wells Fargo, BNY Mellon ont aussi des projets avancés

En Europe, neuf grandes banques (dont Société Générale et BNP Paribas via leurs initiatives) explorent un stablecoin euro commun.

Le message est clair : les banques traditionnelles ne veulent pas laisser Tether, Circle (USDC) et les acteurs pure crypto dominer le marché des paiements digitaux à jamais.

Stellar : le outsider qui monte

Aujourd’hui classée 19ᵉ blockchain par volume de stablecoins (environ 212 millions de dollars), Stellar reste modeste face à Ethereum ou Tron. Mais son positionnement « finance institutionnelle » commence à payer.

Partenariats récents notables :

  • MoneyGram pour les remises de fonds
  • Franklin Templeton et son fonds tokenisé
  • Et maintenant U.S. Bank

Le réseau met en avant sa conformité native (KYC/AML intégré, freeze fonction, etc.) comme un atout majeur face aux régulateurs.

Et les clients dans tout ça ?

Pour l’instant, la demande reste timide, reconnaît U.S. Bank. Les entreprises préfèrent souvent rester sur les rails classiques (SWIFT, SEPA, etc.).

Mais plusieurs signaux laissent penser que ça va changer rapidement :

  • Les coûts des transferts transfrontaliers restent élevés (6-7 % en moyenne selon la Banque mondiale)
  • Les délais sont encore de plusieurs jours dans beaucoup de corridors
  • Les trésoriers d’entreprise cherchent des solutions de trésorerie 24/7

Les stablecoins bancaires pourraient devenir l’arme fatale pour disrupter ce marché de plusieurs trillions de dollars.

Quel avenir pour ce pilote ?

Aucune date de lancement commercial n’a été annoncée. U.S. Bank reste prudente et parle d’une phase d’exploration.

Mais les signaux sont tous au vert :

  • Régulation américaine qui s’assouplit à vitesse grand V
  • Concurrence entre banques qui s’intensifie
  • Demande croissante pour des paiements instantanés et peu chers

Il y a fort à parier que d’ici 12 à 24 mois, plusieurs grandes banques américaines proposeront des stablecoins « maison » ou des services de paiement sur blockchain publique.

Et quand U.S. Bank, Citi et Goldman Sachs se mettent en mouvement… le reste du secteur suit généralement.

La fusion entre finance traditionnelle et blockchain, que beaucoup annonçaient depuis 2017, est peut-être enfin en train d’arriver. Pas par les fintechs ou les startups crypto, mais par les géants bancaires eux-mêmes.

À suivre de très près.

Partager

Passionné et dévoué, je navigue sans relâche à travers les nouvelles frontières de la blockchain et des cryptomonnaies. Pour explorer les opportunités de partenariat, contactez-nous.

Laisser une réponse

Exit mobile version