Imaginez un monde où les data centers les plus puissants de la planète ne consomment plus un seul kilowatt-heure issu des réseaux terrestres. Un monde où l’intelligence artificielle et les blockchains tournent sans interruption, alimentées par un soleil qui brille 24 heures sur 24. Ce scénario, qui relevait encore de la science-fiction il y a quelques années, est devenu réalité en 2025 avec les premiers déploiements de ce que l’on appelle désormais le cloud orbital.
Cette révolution silencieuse marque un tournant majeur pour la tokenisation des actifs réels et l’explosion des besoins énergétiques de l’IA. Elle répond à une question cruciale : comment alimenter durablement les infrastructures numériques d’un secteur qui pèse déjà des trillions de dollars ?
2025 : L’Année du Décollage Orbital pour le Cloud
L’année 2025 restera dans les annales comme celle où le concept d’infrastructure cloud en orbite est passé du stade théorique à la mise en œuvre concrète. Plusieurs projets ont franchi le cap des prototypes pour entrer dans une phase de déploiement initial en orbite basse terrestre.
Cette transition s’explique par une conjonction rare de facteurs : avancées technologiques fulgurantes, baisse spectaculaire des coûts de lancement et volonté politique affirmée de soutenir l’innovation dans l’intelligence artificielle et l’énergie.
Le Lancement Historique de DeStarlink Genesis-1
Le 10 décembre 2025, la société PowerBank Corporation a mis en orbite le satellite DeStarlink Genesis-1, marquant le premier pas concret vers la construction d’un réseau orbital dédié au calcul décentralisé. Ce projet, porté par Orbit AI, une entreprise singapourienne spécialisée dans l’aérospatiale, combine plusieurs innovations majeures.
Le système repose sur des charges utiles de calcul alimentées exclusivement par énergie solaire spatiale, intégrant des nœuds de validation blockchain directement en orbite. Ces éléments sont conçus pour résister aux contraintes géopolitiques terrestres et offrir une résilience inédite.
Orbit AI collabore avec des acteurs de premier plan : PowerBank Corporation et Intellistake Technologies au Canada, NVIDIA pour les GPU haute performance, et la Fondation Ethereum pour l’architecture blockchain. Cette alliance illustre parfaitement la convergence entre espace, IA et cryptomonnaies.
Nous assistons à la naissance d’une nouvelle pile énergétique-compute : l’énergie solaire spatiale et les data centers orbitaux promettent une puissance toujours disponible et sans empreinte carbone pour les hyperscalers.
Selva Ozelli, adaptée
Les Facteurs Clés de cette Accélération
Plusieurs éléments ont convergé pour rendre possible cette émergence rapide du cloud orbital.
- La chute drastique des coûts de lancement, divisés par cent par rapport à l’ère des navettes spatiales.
- Les progrès dans les rectennas à métamatériaux, dépassant les 90 % d’efficacité de conversion.
- L’engagement public fort, notamment aux États-Unis avec les initiatives présidentielles en faveur de l’IA.
- La maturité croissante des technologies d’énergie solaire spatiale.
Le marché de l’énergie solaire spatiale, évalué à 630 millions de dollars en 2025, devrait atteindre 4,19 milliards d’ici 2040, avec un taux de croissance annuel composé de 13,46 %.
Qu’est-ce qu’un Data Center Hyperscale ?
Pour comprendre l’enjeu, il faut d’abord rappeler ce qu’est un fournisseur cloud hyperscale. Il s’agit de géants comme AWS, Microsoft Azure ou Google Cloud, capables de gérer des millions de machines virtuelles à travers des data centers dispersés dans le monde.
Ces infrastructures intègrent désormais la technologie edge cloud pour réduire la latence en plaçant des micro-data centers près des utilisateurs. Mais leur appétit énergétique est colossal : des dizaines, voire des centaines de mégawatts constants, particulièrement avec l’explosion de l’IA.
La tokenisation utilise ces clouds de deux manières principales : pour le traitement des modèles d’IA et pour la sécurité des données. Placer ces capacités en orbite permettrait d’accéder à une énergie solaire continue, sans les contraintes d’intermittence des renouvelables terrestres.
Les principaux acteurs hyperscale et leurs initiatives orbitales
- Amazon Web Services : Projet Genesis avec Blue Origin, réseau LEO et Blue Ring.
- Microsoft Azure : Azure Space et développement de cellules solaires orbitales.
- Google Cloud : Projet Suncatcher et Space Llama pour l’edge computing orbital.
- xAI et Groq : Utilisation intensive de Starlink pour des projets orbitaux.
- Orbit AI : Leader avec DeStarlink et DeStarAI, réseau entièrement décentralisé.
L’Énergie Solaire Spatiale : Une Promesse Ancienne Devenue Réalité
L’idée d’exploiter l’énergie solaire en orbite n’est pas nouvelle. Elle a été explorée depuis des décennies par la NASA, l’Agence Spatiale Européenne, la JAXA japonaise ou encore l’Académie Chinoise des Technologies Spatiales.
Mais 2025 marque un tournant avec les premières démonstrations réussies de transmission sans fil d’énergie depuis l’orbite. Caltech a réalisé la première transmission en conditions réelles avec des technologies légères, tandis que JAXA et Mitsubishi progressent sur des tests au sol et en espace.
En orbite, les panneaux solaires sont jusqu’à huit fois plus productifs qu’au sol et fonctionnent presque en continu. La transmission se fait par micro-ondes ou lasers vers des rectennas au sol, offrant une énergie propre et stable.
De nombreuses entreprises commerciales accélèrent le mouvement : Airbus, Boeing, Lockheed Martin, mais aussi des startups comme Aetherflux, Reflect Orbital, Virtus Solis ou encore Space Solar au Royaume-Uni.
Tokenisation et IA : Les Grands Bénéficiaires
La tokenisation des actifs réels a connu une croissance spectaculaire en 2025, passant de 865 milliards à 1,24 trillion de dollars. Cette expansion est portée par une clarté réglementaire croissante dans plusieurs juridictions majeures.
Mais cette croissance s’accompagne d’une explosion des besoins en calcul. L’entraînement et l’inférence des modèles d’IA, la validation des transactions blockchain, le stockage sécurisé des données tokenisées : tout cela nécessite une puissance colossale.
Le cloud orbital offre une solution idéale : puissance toujours disponible, latence réduite grâce à la proximité orbitale, résilience géopolitique via la décentralisation, et empreinte carbone quasi nulle.
- Calcul décentralisé pour les nœuds blockchain.
- Traitement IA directement en orbite pour réduire les délais.
- Stockage et vérification sécurisée des actifs tokenisés.
- Transmission d’énergie propre vers les infrastructures terrestres restantes.
Les Évolutions Réglementaires et Fiscales
Aux États-Unis, les initiatives politiques ont joué un rôle déterminant. L’ordre exécutif présidentiel sur l’IA a été suivi par le lancement de la mission Genesis du Département de l’Énergie, visant à accélérer les découvertes scientifiques grâce à l’intelligence artificielle.
Côté fiscal, les crédits d’impôt pour l’énergie solaire commerciale ont été restreints mais pas supprimés. Les projets doivent débuter avant mi-2026 pour bénéficier des conditions les plus favorables, avec une extinction progressive d’ici fin 2027.
Par ailleurs, l’IRS a clarifié le traitement fiscal des transactions cloud transfrontalières, les classant comme revenus de services plutôt que de location de biens. Cette évolution impacte la planification fiscale des grands acteurs du cloud.
Vers un Nouvel Écosystème Spatial Décentralisé
Le cloud orbital ne se limite pas à une simple relocalisation des data centers. Il crée un écosystème entièrement nouveau, combinant énergie, calcul, connectivité et gouvernance décentralisée.
Les réseaux LEO comme DeStarlink intègrent nativement des capacités de calcul IA et des nœuds blockchain. La transmission d’énergie sans fil permet d’alimenter non seulement les satellites eux-mêmes, mais potentiellement des infrastructures terrestres critiques.
Cette architecture offre une résilience inédite face aux risques géopolitiques, aux catastrophes naturelles ou aux contraintes énergétiques locales. Elle redéfinit également la notion de souveraineté numérique.
Les Défis Restants
Malgré ces avancées spectaculaires, des obstacles subsistent. Les coûts initiaux restent élevés, même si les lancements deviennent plus abordables. La gestion des débris spatiaux pose question, tout comme la régulation internationale de ces nouvelles infrastructures.
La transmission d’énergie par micro-ondes nécessite des zones de réception au sol importantes et soulève des questions de sécurité. Enfin, la maintenance en orbite reste complexe, même avec les progrès en robotique spatiale.
Perspectives pour les Années à Venir
Les projections sont ambitieuses. Le marché combiné de l’énergie solaire spatiale et des infrastructures orbitales pourrait atteindre plusieurs centaines de milliards de dollars d’ici la fin de la décennie.
La tokenisation, l’IA et les applications blockchain décentralisées devraient être les premiers bénéficiaires de cette nouvelle capacité de calcul propre et illimitée. On peut imaginer à terme des marchés prédictifs, du streaming edge ultra-performant ou encore des expériences immersives entièrement hébergées en orbite.
2025 n’est qu’un début. La décennie qui s’ouvre pourrait voir l’espace devenir le principal fournisseur d’énergie et de calcul pour l’économie numérique mondiale.
Le futur du cloud n’est plus terrestre. Il est orbital.

