Et si la prochaine révolution financière ne venait pas d’une nouvelle cryptomonnaie explosive, mais d’un géant de 10 000 milliards de dollars d’actifs qui décide de tout tokeniser ?
Larry Fink, le PDG de BlackRock, ne parle plus seulement de Bitcoin. Il parle désormais de la tokenisation comme de la plus grande transformation depuis l’invention d’Internet. Et quand le plus gros gestionnaire d’actifs au monde dit ça… on écoute.
La tokenisation : quand Wall Street découvre enfin la blockchain
Depuis 2024, BlackRock ne fait plus semblant. Le géant a lancé son premier fonds 100 % tokenisé sur Ethereum : le BlackRock USD Institutional Digital Liquidity Fund, plus connu sous son ticker BUIDL. Résultat ? Plus de 2,9 milliards de dollars d’actifs sous gestion en moins de deux ans. Un succès qui en dit long.
Mais pourquoi un mastodonte de la finance traditionnelle, longtemps sceptique sur les cryptos, mise-t-il maintenant tout sur cette technologie ? La réponse est simple : la tokenisation résout des problèmes que la finance traditionnelle traîne depuis des décennies.
Qu’est-ce que la tokenisation, vraiment ?
Oubliez les images des NFT de singes à 69 millions. La tokenisation dont parle BlackRock, c’est la transformation d’actifs du monde réel (Real World Assets ou RWA) en jetons numériques sur une blockchain.
Un exemple concret : au lieu d’acheter un appartement à 1 million d’euros, vous achetez 0,1 % de cet appartement sous forme de tokens. Ces tokens sont échangeables 24h/24, divisibles à l’infini, et transférables en quelques secondes partout dans le monde.
- Immobilier de luxe
- Obligations d’État
- Actions non cotées
- Fonds de private equity
- Œuvres d’art
- Matières premières
Tout peut être tokenisé. Et c’est exactement ce que BlackRock est en train de faire.
« La tokenisation des marchés est la prochaine étape de l’évolution des marchés financiers. C’est comme passer du courrier postal à l’email. »
Larry Fink, PDG de BlackRock – Conférence 2025
Le fonds BUIDL : la preuve par l’exemple
Lancé en mars 2024 sur Ethereum en partenariat avec Securitize, BUIDL est un fonds de trésorerie tokenisé adossé à des bons du Trésor américain, des accords de rachat et du cash.
En clair : vous achetez des tokens BUIDL, vous touchez un rendement en dollars stables, et tout se passe directement sur la blockchain. Pas de banque, pas de notaire, pas d’heures d’ouverture.
Chiffres clés du fonds BUIDL (décembre 2025)
- 2,9 milliards $ d’actifs sous gestion
- +1 500 % de croissance depuis le lancement
- Rendement annualisé ≈ 5,2 % (stable)
- Plus de 80 investisseurs institutionnels
- Tokenisé sur Ethereum (ERC-20)
Et BlackRock n’est pas seul. Goldman Sachs, Société Générale, Hamilton Lane ou encore WisdomTree ont tous lancé leurs propres fonds tokenisés. Le mouvement est lancé.
Pourquoi la tokenisation change tout (et pourquoi maintenant)
La finance traditionnelle repose sur une infrastructure vieille de 50 ans : des bases de données centralisées, des intermédiaires à chaque étape, des règlements en T+2 (voire T+30 pour l’immobilier), des frais opaques.
La blockchain change la donne sur cinq points clés :
- Règlement instantané – Plus besoin d’attendre 2 jours pour qu’une transaction soit réglée
- Propriété fractionnée – Accès à des actifs autrefois réservés aux millionnaires
- Transparence totale – Chaque mouvement est visible et immuable
- Programmabilité – Les smart contracts automatisent dividendes, intérêts, droits de vote
- Liquidité 24/7 – Vous vendez vos tokens quand vous voulez, même à 3h du matin un dimanche
Résultat ? Des marchés plus efficaces, moins chers, et surtout accessibles à tous.
Les chiffres qui font tourner les têtes
Le marché des RWA (Real World Assets) tokenisés est passé de 2 milliards en 2022 à 24 milliards fin 2025. Une croissance de 308 % en trois ans.
Les prévisions les plus sérieuses (Boston Consulting Group, BlackRock, Citi) convergent :
Prévisions du marché des actifs tokenisés
| 2025 | 24 milliards $ |
| 2030 | 4 000 à 10 000 milliards $ |
| 2034 | 30 000 milliards $ |
30 000 milliards, c’est plus que la capitalisation actuelle de l’ensemble du marché crypto… multipliée par 15.
Les freins qui restent (et ils sont sérieux)
Tout n’est pas rose. Larry Fink lui-même le reconnaît : sans cadre réglementaire clair et sans systèmes robustes de KYC/AML on-chain, la tokenisation restera limitée aux institutions.
- Réglementation floue dans la plupart des pays
- Risques de hacking des smart contracts
- Fragmentation entre blockchains (Ethereum, Polygon, Solana, chaînes privées…)
- Centralisation déguisée si tout passe par des permissioned ledgers
- Manque d’interopérabilité entre protocoles
Mais les signaux sont au vert : l’Europe avec MiCA, les États-Unis avec les clarifications de la SEC sur les security tokens, Singapore, Dubaï, la Suisse… tous avancent.
Et les stablecoins dans tout ça ?
Impossible de parler tokenisation sans parler stablecoins. Ce sont les rails de cette nouvelle finance.
BlackRock l’a bien compris : BUIDL est libellé en USD, payable en USDC ou USDT, et les rendements sont distribués directement en stablecoins. Pas de virement bancaire, pas de SWIFT, tout reste on-chain.
Le cercle vertueux est simple :
- Vous achetez des tokens RWA avec des stablecoins
- Vous touchez des intérêts en stablecoins
- Vous réinvestissez ou échangez instantanément
C’est exactement cette boucle que les communautés comme le Club 25% exploitent pour générer des rendements stables sans subir la volatilité du Bitcoin ou de l’Ethereum.
Ce que ça change pour l’investisseur particulier
Dans les cinq prochaines années, vous pourrez probablement :
- Acheter 100 € d’un fonds obligataire américain tokenisé avec 5 % de rendement
- Investir dans l’immobilier parisien ou new-yorkais dès 1 000 €
- Recevoir des dividendes toutes les heures au lieu de tous les trimestres
- Vendre votre part à n’importe qui dans le monde en 10 secondes
Le rêve ? Non. C’est déjà en train d’arriver. BlackRock, Fidelity, Franklin Templeton… tous préparent leurs plateformes grand public.
La seule question qui reste : serez-vous spectateur ou acteur de cette révolution ?
« Chaque actif financier sera tokenisé. La seule question est de savoir qui le fera en premier et qui dominera ce marché de plusieurs dizaines de milliers de milliards. »
Rob Goldstein, COO de BlackRock – 2025
La réponse est déjà en train de s’écrire. Et elle s’écrit sur la blockchain.
