Imaginez un champ de bataille numérique où deux titans de la cryptomonnaie s’affrontent pour le contrôle d’un réseau. D’un côté, Monero, le champion de la confidentialité, prônant une décentralisation absolue. De l’autre, Qubic, un acteur ambitieux qui mise sur une stratégie économique audacieuse pour dominer. Depuis plusieurs mois, une guerre silencieuse mais coûteuse fait Rage, avec des enjeux qui pourraient redéfinir les fondements de la blockchain. Cette lutte, estimée à 75 millions de dollars par jour, met en lumière les fragilités des réseaux décentralisés. Plongeons dans ce conflit qui secoue l’univers crypto.
Qubic vs Monero : Une Lutte pour le Hashrate
Depuis l’été 2025, le réseau Monero est sous pression. Qubic, un projet blockchain dirigé par Sergey Ivancheglo, co-fondateur d’IOTA, mène une offensive économique visant à capturer la majorité du hashrate de Monero. En attirant les mineurs avec des récompenses en jetons QUBIC, ce réseau ambitionne de contrôler plus de 50 % de la puissance de calcul, une situation qui pourrait permettre une attaque de 51 %. Mais comment en est-on arrivé là, et quelles sont les implications pour Monero et l’écosystème crypto ?
Les Origines du Conflit : Une Stratégie Économique
Le conflit a débuté en juin 2025, lorsque Qubic a dévoilé une stratégie audacieuse : inciter les mineurs de Monero à rejoindre sa pool en leur offrant des récompenses en QUBIC, en plus des XMR traditionnels. Cette approche, basée sur le concept de Useful Proof of Work (uPoW), utilise les cycles inutilisés des processeurs pour miner Monero tout en soutenant l’écosystème Qubic via un mécanisme de rachat et de destruction de tokens. Ce système a rapidement séduit de nombreux mineurs, attirés par des profits plus élevés.
Comment Qubic attire les mineurs :
- Récompenses en QUBIC, un token en croissance grâce à un mécanisme de burn.
- Conversion des XMR minés en USDT pour racheter et brûler des QUBIC.
- Algorithme optimisé pour les CPU, rendant le minage plus accessible.
Cette stratégie a permis à Qubic de grimper rapidement dans les classements des pools de minage, atteignant jusqu’à 40 % du hashrate total de Monero à son apogée. Cependant, cette montée fulgurante a alarmé la communauté Monero, qui y voit une menace directe à sa décentralisation.
Une Attaque à 51 % : De Quoi S’agit-il ?
Une attaque à 51 % survient lorsqu’un acteur contrôle plus de la moitié de la puissance de calcul d’un réseau basé sur la Proof of Work. Ce contrôle permet de manipuler la blockchain de plusieurs façons : réorganiser les blocs, censurer des transactions ou même effectuer des doubles dépenses. Dans le cas de Monero, un tel scénario serait désastreux pour un réseau qui repose sur la confidentialité et la décentralisation.
Une attaque à 51 % pourrait détruire la confiance dans Monero presque du jour au lendemain.
Charles Guillemet, CTO de Ledger
Le 12 août 2025, Qubic a revendiqué avoir atteint 51 % du hashrate de Monero, une annonce qui a fait trembler la communauté crypto. Cependant, des données indépendantes, comme celles de moneroconsensus.info, indiquent que Qubic contrôle environ 30 à 40 % du hashrate, loin du seuil critique. Malgré cela, la menace reste réelle, car chaque pourcentage gagné par Qubic rapproche le réseau d’une centralisation dangereuse.
La Réaction de la Communauté Monero
Face à cette menace, la communauté Monero s’est mobilisée. Des mineurs ont rejoint en masse la pool SupportXMR, qui représente désormais environ 30 % du hashrate, dans une tentative de contrer l’influence de Qubic. Cette résistance a permis de réduire la part de Qubic, qui est passée de la première à la septième place des pools de minage en quelques jours. Des actions comme des boycotts coordonnés et une communication active sur des plateformes comme Reddit ont amplifié cette contre-attaque.
Les actions de la communauté Monero :
- Redirection des mineurs vers des pools indépendants comme SupportXMR.
- Campagnes d’information sur Reddit et X pour sensibiliser à la menace.
- Appels à augmenter le nombre de confirmations pour les transactions XMR.
Cette mobilisation a montré la force de la communauté, mais aussi les limites du modèle économique de Monero. Avec des récompenses de blocs fixes à 0,6 XMR et des frais de transaction faibles, le réseau peine à attirer de nouveaux mineurs face aux incitations financières de Qubic.
Les Conséquences Économiques : Une Chute du XMR ?
La guerre entre Qubic et Monero a eu un impact immédiat sur le marché. Le prix du XMR a chuté de 17 % en une semaine, passant à environ 248 dollars selon les données de CoinGecko. Cette baisse reflète la peur des investisseurs face à une possible centralisation du réseau. Cependant, certains analystes estiment que Monero reste résilient, avec une capitalisation boursière de 5,6 milliards de dollars.
La centralisation équivaut à un risque, et le potentiel de censure est nuisible au réseau.
Dan Dadybayo, analyste chez Unstoppable Wallet
La volatilité du XMR pourrait s’accentuer si Qubic continue de gagner du terrain. Une attaque réussie pourrait non seulement affecter la confiance dans Monero, mais également remettre en question la viabilité des blockchains basées sur la Proof of Work face à des stratégies économiques agressives.
Le Plan de Qubic : Une Démonstration ou une Menace ?
Sergey Ivancheglo, le cerveau derrière Qubic, affirme que son initiative n’est pas malveillante. Selon lui, il s’agit d’une démonstration économique visant à exposer les faiblesses des blockchains traditionnelles. En cessant de rapporter son hashrate à partir d’août 2025, Qubic complique la tâche des observateurs, rendant difficile l’évaluation de sa domination réelle. Cette opacité a suscité des critiques, certains y voyant une tentative de manipuler le marché.
Les intentions déclarées de Qubic :
- Tester la résilience des réseaux Proof of Work.
- Prouver la supériorité du modèle uPoW de Qubic.
- Sensibiliser à la menace d’attaques non bienveillantes.
Malgré ces déclarations, la communauté Monero reste sceptique. Des accusations de DDoS contre la pool Qubic, attribuées à des membres de la communauté Monero, ont également enflammé les débats. Ces tensions soulignent la fragilité des relations entre projets crypto concurrents.
Les Leçons pour l’Écosystème Crypto
Ce conflit met en lumière plusieurs défis majeurs pour les cryptomonnaies décentralisées. Premièrement, il expose les vulnérabilités économiques des réseaux Proof of Work, où les incitations financières peuvent l’emporter sur les principes de décentralisation. Deuxièmement, il montre l’importance d’une communauté active et coordonnée pour défendre un réseau. Enfin, il soulève des questions sur l’avenir des blockchains face à des acteurs prêts à investir des sommes colossales pour prendre le contrôle.
Ce n’est plus une question d’exploits techniques, mais de capital.
Dan Dadybayo, analyste chez Unstoppable Wallet
Pour Monero, l’enjeu est clair : renforcer son modèle économique pour attirer plus de mineurs et éviter une centralisation future. Des discussions sur une éventuelle augmentation des récompenses ou un passage à un autre mécanisme de consensus, comme la Proof of Stake, pourraient émerger. Cependant, ces changements risquent de compromettre l’essence même de Monero : la confidentialité absolue.
Perspectives pour Monero et Qubic
L’avenir de ce conflit dépendra de plusieurs facteurs. Si Qubic parvient à atteindre les 51 % de hashrate, il pourrait imposer des changements majeurs au réseau Monero, voire le rendre inutilisable pour les mineurs indépendants. Cependant, la résistance de la communauté Monero et la volatilité du marché crypto pourraient limiter l’impact de Qubic. En parallèle, le succès de Qubic pourrait renforcer la légitimité de son modèle uPoW, attirant l’attention sur ce projet encore peu connu.
Scénarios possibles pour l’avenir :
Quel que soit l’issue, ce conflit restera un cas d’école dans l’histoire des cryptomonnaies, illustrant les tensions entre innovation économique et principes fondamentaux de décentralisation. Monero survivra-t-il à cette tempête ? L’avenir nous le dira.
