Imaginez un marché qui semblait en pleine explosion il y a encore un an, avec des millions de nouveaux venus attirés par la promesse de gains rapides. Et soudain, une partie d’entre eux disparaît. C’est exactement ce qui se passe avec les cryptomonnaies au Royaume-Uni en cette fin 2025.

Les chiffres tout juste publiés par la Financial Conduct Authority, l’autorité de régulation financière britannique, font état d’une baisse notable de la possession de cryptos. Mais derrière cette apparente désaffection se cache une réalité plus nuancée : les investisseurs qui restent sont plus sérieux, plus engagés, et misent des sommes bien plus importantes.

Une chute marquée de la possession crypto au Royaume-Uni

Selon l’enquête menée par YouGov pour le compte de la FCA, seulement 8 % des adultes britanniques déclarent posséder des cryptomonnaies en 2025. C’est une diminution significative par rapport aux 12 % enregistrés en 2024.

Cette baisse n’efface pas pour autant les progrès accomplis ces dernières années. Le taux actuel reste en effet deux fois supérieur à celui de 2021, qui était de seulement 4 %. Le chemin parcouru est donc considérable, même si l’enthousiasme retail semble s’essouffler.

L’enquête, réalisée auprès de 2 353 personnes entre août et septembre 2025, met en lumière des disparités démographiques classiques dans le monde crypto. Les hommes sont plus nombreux à détenir des actifs numériques (11 %) que les femmes. Et sans surprise, la tranche d’âge la plus active reste celle des 18-34 ans, avec 15 % de possession.

Des portefeuilles qui grossissent sensiblement

Mais le plus intéressant n’est pas tant la baisse du nombre d’investisseurs que l’évolution de leurs comportements. La FCA note un déplacement clair vers des positions plus conséquentes.

Désormais, 21 % des détenteurs possèdent entre 1 001 et 5 000 livres sterling en cryptomonnaies, tandis que 11 % se situent dans la tranche 5 001 à 10 000 livres. C’est une augmentation notable par rapport aux années précédentes, où les petits montants dominaient largement.

Plus de personnes s’éloignent des petites positions pour privilégier des investissements plus importants.

Financial Conduct Authority

Cette concentration traduit une maturation du marché britannique. Les investisseurs occasionnels ou attirés par la spéculation rapide semblent avoir quitté le navire, laissant la place à une base plus solide et plus confiante.

Bitcoin et Ether dominent toujours plus

Autre tendance confirmée par l’enquête : la domination écrasante de Bitcoin et Ether dans les portefeuilles britanniques.

Parmi les personnes détenant des cryptomonnaies, 57 % possèdent du Bitcoin, et 43 % de l’Ether. Les altcoins, eux, sont très largement distancés. Ce recentrage sur les deux leaders historiques du marché n’est pas une surprise, mais il s’accentue nettement.

Voici les grandes tendances d’allocation observées :

  • Bitcoin reste l’actif préféré, symbole de valeur refuge dans l’univers crypto.
  • Ether gagne du terrain grâce à l’écosystème Ethereum et aux développements comme le staking.
  • Les altcoins plus spéculatifs perdent en attractivité auprès des investisseurs britanniques.
  • Cette concentration réduit les risques pour les détenteurs restants.

Ce mouvement vers les “blue chips” du secteur crypto reflète une prise de conscience des risques associés aux projets plus petits ou plus récents. Les scandales passés et les krachs ont laissé des traces.

Un contexte réglementaire en pleine évolution

Le timing de la publication de ces chiffres n’est pas anodin. La FCA a dévoilé cette enquête le même jour qu’elle lançait trois consultations majeures sur la régulation des cryptomonnaies.

Ces consultations portent sur les plateformes d’échange, le staking, le prêt et l’emprunt, ainsi que la finance décentralisée (DeFi). Les parties intéressées ont jusqu’en février pour soumettre leurs commentaires.

Cette démarche s’inscrit dans un plan plus large du gouvernement britannique visant à établir un cadre réglementaire complet et cohérent pour les actifs numériques. L’objectif affiché : protéger les consommateurs tout en favorisant l’innovation.

La FCA observe d’ailleurs que les participants aux activités de prêt et d’emprunt sont généralement plus avertis, plus tolérants au risque, et mieux informés des avertissements réglementaires que la moyenne des utilisateurs crypto.

Que signifie cette baisse pour le marché crypto britannique ?

À première vue, une chute de 12 % à 8 % pourrait sembler alarmante. Elle signe en réalité la fin d’une phase d’euphorie spéculative qui avait attiré de nombreux novices pendant le bull run précédent.

Le départ de ces investisseurs occasionnels n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle. Il permet une consolidation autour d’une communauté plus expérimentée et plus résiliente.

Les montants investis plus élevés et la préférence marquée pour Bitcoin et Ether indiquent que le marché britannique entre dans une phase de maturation. On passe progressivement d’une logique de “get rich quick” à une approche plus patrimoniale.

Comparaison avec les années précédentes

Pour mieux comprendre cette évolution, il est utile de revenir sur les chiffres historiques publiés par la FCA.

  • 2021 : 4 % de possession – phase de découverte post-pandémie.
  • 2022-2023 : montée progressive avec l’intérêt institutionnel.
  • 2024 : pic à 12 % – effet combiné des ETF Bitcoin et de la reprise du marché.
  • 2025 : retour à 8 % – correction et sélection naturelle des investisseurs.

Cette trajectoire en cloche n’est pas unique au Royaume-Uni. D’autres pays européens montrent des tendances similaires, avec un reflux après la fièvre des années 2023-2024.

Les implications pour les investisseurs actuels

Pour ceux qui restent dans le marché, ces évolutions présentent plusieurs avantages concrets.

D’abord, une base d’utilisateurs plus concentrée et plus sophistiquée peut favoriser l’adoption de produits plus complexes comme le staking ou les protocoles DeFi, une fois qu’ils seront réglementés.

Ensuite, la préférence pour Bitcoin et Ether renforce la liquidité et la stabilité relative de ces actifs leaders. Les mouvements de prix pourraient devenir moins erratiques à mesure que la spéculation pure diminue.

Enfin, le cadre réglementaire en construction offre une perspective de sécurité accrue, ce qui pourrait attirer à terme une nouvelle vague d’investisseurs institutionnels britanniques.

Vers une régulation équilibrée ?

Le Royaume-Uni a choisi une approche pragmatique : ni interdiction ni laisser-faire total, mais une régulation progressive et ciblée.

Les consultations en cours sur le staking et la DeFi montrent que les autorités veulent comprendre les risques sans étouffer l’innovation. C’est une différence notable avec certaines juridictions plus restrictives.

Cette posture pourrait positionner Londres comme un hub crypto attractif en Europe post-Brexit, surtout face à la réglementation MiCA de l’Union européenne qui entre pleinement en vigueur.

Conclusion : un marché qui grandit en mûrissant

La baisse de la possession crypto au Royaume-Uni ne doit pas être lue comme un désintérêt général. Elle reflète au contraire le passage d’une phase adolescente, marquée par l’exubérance et les excès, à une phase plus adulte.

Moins d’investisseurs, mais plus sérieux. Moins de petits tickets, mais des engagements plus conséquents. Une domination renforcée des actifs établis. Et un cadre réglementaire qui se précise.

Tous ces éléments dessinent les contours d’un marché britannique des cryptomonnaies plus stable, plus mature, et potentiellement plus durable. L’année 2026 pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère pour les actifs numériques outre-Manche.

Le secteur continue d’évoluer rapidement, et ces chiffres de la FCA nous rappellent qu’en crypto, comme ailleurs, la qualité finit souvent par primer sur la quantité.

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