Imaginez la scène : dans une salle de réunion blindée quelque part à Wall Street, des banquiers en costume trois pièces serrent la main à des ingénieurs en hoodie Coinbase. Personne ne parle, les noms restent confidentiels, mais l’enjeu est colossal. Hier encore ennemis jurés, les géants de la finance traditionnelle et la plus grande plateforme crypto américaine travaillent main dans la main. Et c’est Brian Armstrong lui-même qui vient de lâcher la bombe.
Quand Wall Street appelle Coinbase à la rescousse
Le 4 décembre 2025, lors du DealBook Summit du New York Times, le PDG de Coinbase a balancé une phrase qui a fait l’effet d’un séisme silencieux dans les couloirs des grandes banques : plusieurs institutions financières américaines majeures mènent actuellement des projets pilotes avec Coinbase sur les stablecoins, la garde d’actifs numériques et même le trading. Sans nommer personne, évidemment.
Ce qui rend l’information explosive, c’est le contexte. Pendant que ces mêmes banques (ou leurs lobbyistes) tentent encore de freiner l’expansion de Coinbase via des batailles réglementaires acharnées, certaines d’entre elles explorent déjà la crypto… avec Coinbase comme partenaire privilégié.
« Les banques qui n’adoptent pas rapidement cette technologie vont se retrouver très en retard. »
Brian Armstrong, PDG de Coinbase – DealBook Summit 2025
Des projets pilotes ultra confidentiels
Concrètement, que testent ces banques avec Coinbase ? Trois domaines majeurs ressortent :
- La gestion et l’émission de stablecoins institutionnels
- La garde sécurisée d’actifs numériques pour leurs clients fortunés
- Le trading d’actifs tokenisés (actions, obligations, immobilier…)
Autrement dit, tout ce que les banques ont combattu publiquement ces dernières années, certaines le préparent déjà en coulisses. L’hypocrisie ? Non, simplement la peur de rater le train. Car pendant qu’elles freinent des deux pieds devant le Congrès, elles savent pertinemment que leurs clients institutionnels et les nouvelles générations exigent déjà ces services.
Jamie Dimon et le lobby bancaire en panique
Retour en août 2025. Le Banking Policy Institute, piloté par Jamie Dimon (PDG de JPMorgan Chase), publie une lettre incendiaire au Congrès. Message : les stablecoins représentent une menace existentielle pour le modèle de crédit bancaire. Selon eux, si les stablecoins offrent du rendement (ce que font Circle ou Tether via des plateformes tierces), l’argent fuira les dépôts bancaires classiques vers ces nouveaux instruments.
Résultat ? Moins de dépôts = moins de prêts possibles = hausse des taux d’intérêt = ralentissement économique. Un discours alarmiste qui a conduit à pousser pour renforcer la loi GENIUS, afin d’interdire purement et simplement aux émetteurs non bancaires de rémunérer les stablecoins.
Le paradoxe est savoureux :
- Les banques hurlent au loup sur les stablecoins
- Elles demandent au Congrès de les protéger de la concurrence
- Mais certaines préparent déjà leur propre offre… avec Coinbase
Coinbase veut devenir la « super application » qui remplace votre banque
En septembre 2025, Brian Armstrong avait déjà mis le feu aux poudres en déclarant vouloir transformer Coinbase en une super application financière capable de remplacer les banques traditionnelles. Paiements, épargne, crédit, investissement… tout depuis une seule interface, avec des rendements bien supérieurs à ceux des comptes d’épargne classiques.
Cette annonce avait déclenché une nouvelle offensive des lobbies bancaires. En novembre, l’Independent Community Bankers of America demandait carrément au régulateur de refuser la charte de fiducie nationale de Coinbase, arguant que son modèle de garde crypto était « non testé » et dangereux.
Paul Grewal, directeur juridique de Coinbase, avait répondu sur X avec une violence rare :
« Les lobbyistes bancaires creusent des douves réglementaires pour se protéger de la concurrence. Ce n’est pas de la protection des consommateurs, c’est du protectionnisme pur et simple. »
Paul Grewal, novembre 2025
Pourquoi les banques n’ont plus le choix
La réalité est brutale. Les clients fortunés (family offices, fonds de pension, entreprises du Fortune 500) demandent déjà l’exposition aux cryptos. BlackRock, Fidelity, Vanguard… tous les grands gestionnaires d’actifs ont lancé leurs ETF Bitcoin et Ethereum. Les banques qui refusent de suivre perdront simplement ces clients au profit de celles qui s’adaptent.
Et qui mieux que Coinbase pour les aider à faire le grand saut ? L’entreprise dispose :
- D’une infrastructure réglementée (licences dans 47 États)
- D’une expertise technique inégalée
- D’un service de garde institutionnel (Coinbase Prime) déjà utilisé par des centaines de fonds
- D’une relation directe avec les régulateurs
En clair, Coinbase est devenu le partenaire incontournable, même pour ceux qui le combattent publiquement.
Et l’Europe dans tout ça ?
Pendant que les banques américaines jouent sur deux tableaux, leurs homologues européennes avancent plus franchement. BNP Paribas vient d’annoncer rejoindre un consortium de neuf grandes banques pour lancer un stablecoin euro dès 2026. En Suisse, Mt Pelerin propose déjà des IBAN crypto. Même la Banque des Règlements Internationaux (BRI) s’inquiète de la tokenisation massive des actifs réels (RWA), estimée à plus de 9 milliards de dollars fin 2025.
Les États-Unis, malgré leur avance technologique, restent freinés par une guerre réglementaire acharnée. Ironiquement, ce sont souvent les mêmes acteurs qui freinent publiquement et qui innovent en secret.
Ce que cela signifie pour vous, investisseur crypto
Cette alliance discrète entre Coinbase et les grandes banques est probablement l’un des signaux les plus bullish de cette fin d’année 2025. Quand les institutions traditionnelles passent de la parole aux actes, même en secret, c’est que le point de non-retour est franchi.
À surveiller dans les prochains mois :
- L’évolution du GENIUS Act et ses amendements
- Les premières annonces officielles de partenariats banques/Coinbase
- Le lancement de produits stablecoins bancaires aux USA
- La réaction des prix du Bitcoin et des altcoins à ces nouvelles
Une chose est certaine : la finance de demain ne ressemblera pas à celle d’hier. Et ceux qui pensaient que les banques traditionnelles allaient gentiment disparaître se trompent peut-être. Elles pourraient bien finir par absorber la révolution crypto… ou du moins essayer de la domestiquer.
En attendant, Brian Armstrong a déjà gagné sa bataille la plus importante : il a forcé les géants de Wall Street à venir frapper à sa porte. Le reste n’est plus qu’une question de temps.
